un spectacle documentaire consacré à la Question de Palestine par Adeline Rosenstein
Décris-ravage donne à voir une série de conférences historiques et théâtrales consacrées à l’histoire du dossier international appelé Question de Palestine. Décris-ravage retrace l’histoire des retrouvailles à partir de 1799 entre l’Occident et un petit territoire peuplé aux enjeux imaginaires infiniment grands, Israël/Palestine/Terre Sainte.
Peu de territoires se trouvent au centre d’enjeux politiques, symboliques et imaginaires aussi démesurés que l’antique Terre Sainte, aujourd’hui Palestine et Israël. Ce bout de terre a vu son histoire marquée depuis des siècles par ses liens et ses échanges avec l’Europe, au point qu’armées et artistes européens n’ont cessé de s’y impliquer.
Adeline Rosenstein entreprend de raconter cette histoire, de la campagne napoléonienne d’Egypte à nos jours, à travers une fresque théâtrale mettant en scène ce que l’on nomme la Question de Palestine. Cette traversée critique et historique se présente comme une conférence à plusieurs voix dont les faits historiques servent de canevas, illustrée par les témoignages d’artistes occidentaux ou locaux et des extraits de pièces de théâtre du monde
arabe.
Assumant l’idée qu’une critique des faits, non-partisane est possible, interrogeant comment les représentations participent des conflits, Adeline Rosenstein invente des procédés théâtraux explicitant les enjeux, les lieux et le lexique convoqués pour décrire l’histoire mouvementée de ce territoire.
Sans image, jouant de sa propre rigueur scientifique, décris-ravage met à distance tout en impliquant. Le spectacle parvient à rendre intelligible ce qui est brouillé par les passions et les angoisses, les points de vue partisans et les mythologies ad hoc.
Le conflit Israël-Palestine me lasse. Et puis soudain, je ne comprends de nouveau plus que tout le monde s’en accommode et j’ai besoin d’en reparler sur scène. Je ne l’avais plus fait depuis 2002 (“Anonym bleiben” à Ausland-Berlin). L’opération « Plomb durci » en décembre 2008 sur Gaza et les débats plus que houleux avec nombre d’amis artistes autour de moi m’ont persuadée de quitter la lassitude et de reprendre le sujet par ce biais-ci.
C’est ainsi que je mène depuis 2009 des entretiens avec des artistes occidentaux d’âges différents ayant vécu quelques mois en Israël ou en Palestine à différentes époques. Le projet décris-ravage est né de l’envie de confronter ces entretiens à des extraits de pièces de théâtre historiques en arabe traitant des mêmes événements mais dans une perspective non- européaniste. Ces deux sortes de paroles – témoignages et citations de théâtre – devaient être introduites et contextualisées par des petits rappels historiques qui ont pris de plus en plus d’importance et bouleversé toute la temporalité du processus théâtral.
Face à la description d’un événement historique méconnu, les points d’exclamations n’aident pas à comprendre. Démêler puis refaire le nœud de « ce qui a bien pu se passer pour qu’on en arrive là » exige de la patience. Dans le cas du conflit israélo- palestinien, le noeud est gros de plus de cent ans. Il faut à chaque étape du travail éviter les mots qui provoquent les réactions violentes, rayer les sarcasmes, débusquer les termes qui découragent, qui tendent au lieu de délier. Après vingt ans d’indignation virulente, j’ai dû trouver autre chose : une série de 6 spectacles qui constituent une traversée historique et sémantique de la question de Palestine. Ce n’est pas une vulgarisation, mais le rêve du partage de la complexité.
Adeline Rosenstein, juin 2016.
La pièce est adaptée en bande dessinée, par Adeline Rosenstein et Baladi chez Atrabile
Déjà parus : épisodes 1, 2 et 3
Adeline Rosenstein (allemande) née en 1971, se voue au théâtre et à la performance. Elle fait une formation d’actrice à Genève puis Jérusalem puis de metteure en scène à Berlin. À Berlin elle développe une écriture basée sur des travaux de chercheurs en sciences sociales (Tania Zittoun, Jean-Michel Chaumont). Ses pièces que l’on peut qualifier de documentaires, traitent de sujets très divers : les exilés juifs allemands en Argentine pendant la dernière dictature militaire, ou l’histoire des discours d’experts de la traite des femmes. Elle vit depuis 2009 à Bruxelles où elle crée les 6 épisodes de «décris-ravage» entre 2010 et 2016. Depuis 2017 elle fabrique le Laboratoire Poison, documentaire sur la représentation et la répression de mouvements de résistance. Elle travaille également en tant que comédienne, dramaturge et traductrice de l’allemand pour différentes compagnies de théâtre.
Textes écrits ou recueillis et mis en scène
par Adeline Rosenstein
Avec
Léa Drouet, Céline Ohrel, Adeline Rosenstein, Isabelle
Nouzha et Olindo Bolzan
Espace
Yvonne Harder
Lumières et direction technique
Caspar Langhoff
Création sonore
Andrea Neumann
Regards scientifiques
Jean-Michel Chaumont , Henry Laurens, Julia Strutz,
Tania Zittoun
Dessin
Verena Kammerer
Production
Leïla Di Gregorio
Photographies
Serge Gutwirth, Isabelle Nouzha, Hichem Dahes
Merci à nos complices pour leurs interventions :
Henry Laurens – historien, Mas’ud Hamdan –
auteur palestinien, Samir Youssef – auteur
libanais, Julia Strutz – urbaniste, historienne
de l’empire ottoman, Jean-Michel Chaumont –
chercheur en sociologie, Sandra Iché – artiste
chorégraphique, Erbatur Çavuşoğlu –
urbaniste et rockstar, Cécile Chevalier et
Franck Fedele – marionnettistes, Ledicia
Garcia – éclairagiste, Stefan Oppenlaender –
scénographe, MAL-AIMÉE par Marius&Léonie
– costumes, Markus Meckl –historien, Nicolas
Auzanneau – traducteur, Natacha Bracq –
juriste, Lilli Stern – traductrice, Eleonore
Merza, Eitan Bronstein – activistes,
chercheurs en décolonisation, Eyal Sivan –
cinéaste, Ronny Trocker – cinéaste.
Et à tous les témoins pour leur confiance.